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Graines de Parents, Jardiniers de Vie
3 octobre 2014

Elagage

Le week end dernier, il faisait vraiment beau et j'ai passé l'après midi dehors dans le jardin en famille.

Il y avait un buisson qui avait tellement poussé que l'accès à notre composteur était devenu impossible.

Munie de mon sécateur et ma cisaille à haies, j'ai coupé, élagué, ébranché, émondé, taillé....

 

 

Les outils de taille.

 

La coupe fut rude, j'en ai encore mal aux bras...

Mais le résultat est là, j'ai sélectionné les branches que je voulais garder et le buisson a pris une jolie forme.

 

En élaguant, je repensais à deux livres que j'ai lu cet été, et dont je vous conseille la lecture :

"Pour une enfance heureuse,repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau" du Docteur Catherine Guegen, aux éditions Robert Laffont.

"L'intelligence Emotionnelle, Accepter ses émotions pour développer une intelligence nouvelle" de Daniel Goleman, aux éditions J'ai Lu.

 

 

Source: Externe     l'intelligence emotionnelle - Daniel Goleman

 

 Quel rapport avec mon buisson ?

Et bien il se produit aussi des coupes franches dans le cerveau des humains, et plus particulièrement dans celui des enfants, c'est ce qu'on appelle "l'élagage des neurones". -Belsky ans De Haan, 2011-

Le cerveau des enfants est en pleine construction, en perpétuel chantier. Ce chantier consiste à former des connexions entre les neurones. Ces connexions s'appellent SYNAPSES. Le chantier dans le cerveau des enfants, c'est aussi : éliminer les connexions inutiles et renforcer celles qui sont plus efficaces.

Un cerveau de deux ans possède deux fois plus de SYNAPSES qu'un cerveau adulte. Celui ci n'a conservé que les circuits neuronaux utiles et utilisé; il a éliminé les autres, comme pour mon buisson. 

Quand aux adolescents, l'élagage continue, surtout dans la partie du cerveau qui est le siège des capacités de réflexion et de maîtrise des émotions. Cette partie s'appelle le CORTEX. A l'adolescence les circuits neuronaux de l'analyse, de l'abstraction, de la prise de recul et de la régulation des impulsions, se renforcent, tout comme les branches que j'ai choisies de conserver pour que buisson prenne sa jolie forme.

Chez les enfants ce sont les cerveaux REPTILIEN et LIMBIQUE qui se développent en premier. A un an le CORTEX est immature. A cinq ans toutes les parties du cerveau sont formées mais sa maturation se prolonge qu'au début de l'age adulte.

 

Buisson Boule - Septembre 2014Les trois cerveaux          

ça ressemble vous trouvez pas ?

 

OK pour le buisson, mais quel rapport avec l'éducation sans violence ?

J'y arrive : 

Lorsque l'on vit une expérience répétitive, les SYNAPSES se renforcent, se multiplient autour de cette expérience là. Et elles disparaissent autour d'autres expériences qui n'ont pas été vécues. Les conditions de vie régulières s'impriment dans le cerveau via la multiplication de circuits neuronaux. Elles y laissent des traces profondes, tout particulièrement chez les plus jeunes chez qui nous venons de le voir, le cerveau est en plein processus d'élagage.

Les expériences stressantes d'une manière générale, quand elles sont répétitives, marquent donc l'enfant au sein même de son cerveau. Devenu adulte, le moindre stress sera reconnu et reprendra le même circuit neuronal que celui qui s'est formé dans l'enfance. Mais plus embêtant encore, si le circuit du stress est l'un des circuit privilégié dans l'enfance; les circuits de la réflexion ou de la maitrise des émotions peuvent être plus petits, moins aptes à fonctionner. Ce faible fonctionnement du CORTEX est visible en imagerie médicale chez des adultes très violents, anxieux ou colériques, ayant subi de multiples stress dans leur enfance (en particulier des violences). -Coccaro, 2011-.

A contrario, si les parents offrent écoute et sécurité, le CORTEX de l'enfant se développe correctement (en particulier dans une zone qui s'appelle le Cortex Orbito Frontal, mais là je passe les détails pour ne pas embrouiller). Une fois adultes, ils sont capables de réflexions abstraites, de prendre des décisions, de créer des relations sereines avec les autres, d'avoir un sens moral. -Shore,1994-.

 

.... Et si j'ai mal élagué, est-ce foutu pour mon enfant ?

Effectivement, vraiment loin de moi l'envie d'accuser quelqu'adulte que ce soit d'avoir perdu patience, crié, humilié, ou tapé un enfant. Moi aussi cela m'est arrivé, et je sais ce que c'est. Loin de moi aussi le souhait d'enfoncer encore plus la tête de ceux qui ne savent plus comment faire ou qui culpabilisent.

Au contraire, l'objectif de Graines de Parents - Jardiniers de Vie, c'est justement de soutenir ceux qui souhaitent vivre des relations plus apaisées avec les enfants.

La réponse est donc non ! Même si un adulte a commis des erreurs avec un enfant, il y a plein de possibilité de "réparer".

La première c'est de prendre conscience et de décider d'arrêter d'avoir un comportement trop brutal avec un enfant (les brutalités pouvent être verbales ou physiques). J'expliquerai comment faire dans de nombreux autres articles. La conséquence du changement de comportement de l'adulte sera qu'il créera de nouvelles habitudes plus bienveillantes avec l'enfant, et qui dit nouvelles habitudes dit : nouveaux circuits neuronaux. Dans un environnement plus bienveillant, le cerveau de l'enfant se remodèlera autour de ces expériences plus respectueuses. Il restera les anciennes branches, mais elles se rabougrieront doucement, pour laisser place à de beaux nouveaux branchages. Par ailleurs, il n'est jamais trop tard pour démarrer ce nouvel élagage, un nouveau départ est toujours possible; c'est ce que dit un célèbre psychologue dont je vous reparlerai : Haim Ginott.

La seconde c'est de parler et faire parler l'enfant en vue d'une "rééducation de cerveau émotionnel". Daniel Goleman explique cela très bien dans son livre : Si les enfants ont l'occasion de revivre par exemple par des jeux, des dessins, les moments pénibles qu'ils ont subis, alors ils se réapproprient ces moments de leur vie. Y repenser dans un environnement calme désensibilise l'événement. Par ailleurs les enfants peuvent imaginer un autre déroulement plus heureux ou plus magique. Physiologiquement, la rééducation émotionnelle du cerveau consiste à faire réagir différemment le CORTEX aux messages de stress envoyés par le cerveau LIMBIQUE. Cette réeducation est possible toute la vie.

Il y en a plein d'autres dont je vous reparlerai comme la demande de pardon, le vécu de moments de complicité,  le partage de moments de jeux, le soutien psychologique....

 

Pour résumer...

Elever un enfant sans violence n'est pas une mode ou une idée farfelue. Je vous ai montré en m'appuyant sur des ouvrages rédigés par des professionnels de la santé, que le cerveau de l'enfant pour bien se développer, A PHYSIOLOGIQUEMENT BESOIN de relations sereines et bienveillantes.

En tant qu'adultes, la tache peut sembler difficile, et d'ailleurs, elle l'est : notre comportement d'aujourd'hui influe sur la maturation et l'évolution du cerveau des enfants avec lesquels nous sommes en contact.

La bonne nouvelle c'est que grâce à la plasticité du cerveau des enfants, il est possible de le remodeler même si jusque là nous nous sommes trompés.

Comme j'écrivais en début d'article : la tache est rude et cela peut faire mal, mais le résultat sera là !

 

 

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Commentaires
G
Mais comment arrives-tu à lire des bouquins comme ça pendant les vacances ?? Ne me dis pas que tu lis en journée, avec tes enfants qui jouent gentiment au loin.... <br /> <br /> Merci ceci dit pour ton message, il nous reste encore la possibilité de faire mieux, gardons espoir... et patience !<br /> <br /> Bises
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  • "Graines de parents, Jardiniers de Vie" soutient les parents et toutes les personnes au contact de bébés, d’enfants et d’adolescents qui souhaitent, dans une démarche d’éducation respectueuse, vivre des relations bienveillantes avec les plus jeunes.
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